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ZÂZHÂR épisode 3

3ème épisode
L'ATTAQUE DE L'AU-DELA


L'homme qui fait surgir des esprits dans un abîme est condamné à les ordonner
quels qu'ils soient.
Les « Sages-Psi » respiraient. Pour en être certain, Môhrn se tenait éveillé dans
l'épouvante et la nuit. Et crispé, couvert de sueurs froides, il les entendait. Il sentait
leur existence dans sa moiteur profonde et même il sentait leur souffle glauque. Tard
dans la nuit il clignait les yeux. « À l'aide ! À l'aide ! ». « Les Sages-Psi attaquent ! »
Les « profs de gym », ces mystérieux extraterrestres dont l'ombre planait et remuait
autour de lui provoquaient chez Môhrn l'illusion que peut produire un dieu informe et
fou sur un simple mortel. Ils semblaient provenir du poste de télévision. Ils
semblaient dire « Que voulez-vous ? Que désirez-vous ? Que voulez-vous pour
vous servir? » et Môhrn tremblait de plus en plus. « A l'aide ! A l'aide ! ILS
ATTAQUENT ! » Il pensait au Signifiant Saussurien. Môhrn ne réussissait pas à
comprendre le sens du Signifiant car dans son esprit il ne pouvait dire s'il s'agissait
d'un mot ou un symbole, le fameux Symbole. Quel recul pouvait-il prendre par rapport
à Saussure? Et si Saussure n'était pas le même pour un extraterrestre? Quelle raison
de torturer son intellect ! Môhrn, dans les transes les plus extrêmes de l'épouvante,
ne les distinguait même pas. Il les entendait ou du moins croyait entendre leurs voix
multiples et télépathes. Puis abandonnant toute tentative de communication il pensa
à la monstrueuse cigarette. La future. Et il pensa aux cinq névroses du président
Schreber : Schreber était jaloux, il était homosexuel, il entretenait des rapports avec
Dieu, il croyait recevoir des ordres de Dieu et il était imbu d'une mission : sauver le
monde. Il croyait qu'avec une cigarette il sauverait le monde, pour ainsi dire, pour
peu qu'il soit tenté par les « Sages-Psi ». Car il avait arrêté de fumer ; ayant arrêté
de fumer il lui suffirait d'une seule cigarette pour retomber dans le gouffre, le néant,
l'enfer. Gazouillis religieux de sa petite âme, Môhrn chantait, comme un guerrier qui
meurt au combat : « Une cigarette et je vous tiendrais vous les Sage-Psi, créatures
informes et crucifiantes dotés de pouvoirs magistraux et ténébreux. ». « Que
désirez-vous ? Que voulez-vous pour vous servir ? » « Non ! Quelle heure est-il ?
Quel est l'établissement psychiatrique ? » Il avait vu les deux personnes assises
dans un fast-food entourées par les extraterrestres et il voyait les « profs de gym »
ainsi que leur corps d'environ huit mètres de long et plein de petits mouvements. Une
fraction de seconde après, ils avaient disparu. Môhrn était un psychopathe, il avait
des nerfs fragiles et il ne pouvait pas les supporter. « Allez, disparaissez », et ils
disparurent ou du moins Môhrn en eût l'impression. Avec du recul Môhrn se demanda
s'il pouvait réellement émettre un souhait étant donné le temps qui lui était imparti. Il
n'avait pas le temps. Trop tard. Il le pourrait qu'en diachronie Saussurienne et
rétrospectivement. Il ne pouvait pas synchroniser sa volonté avec le langage. Il
pensa à part « Ma foi, si je les revois... ». Mais il était peureux, et la peur ravagerait
toute manifestation de son cerveau, toute idéation. La télévision semblait en plein
délire il vit les deux personnes assises dans un fast-food en train de discuter. Elles
existaient. Les extraterrestres existaient. Cette apocalypse existait sous forme d'une
équation.... dont une série de codes incluant P pour la Phonie? Si les « Sages-Psi »
utilisaient cette équation... Ivre de fatigue il éteignit le poste sans chercher à en savoirdavantage. Il éteignit les lumières en pensant que dans le noir il ne serait plus visible
pour peu que son corps émette des photons. Et, au lieu de s'endormir il prit un
mouchoir dans son placard et décida « C'est ma Peau de Renard et avec je serai
invisible, j'attendrai que vous veniez mettre votre maudite signature ». Sur la Peau
de Renard était inscrit : « A chaque vouloir je décroîtrai. Me voulez-vous? Prenez.
Dieu vous exaucera. Soit » Il répondit « Si vous voulez je deviendrai riche à millions.
Si j'arbore votre drapeau je serai l'homme le plus heureux du monde. Venez, mes
frères.» Môhrn prit le talisman et le glissa lentement dans sa poche, sachant que
l'objet se déchirerait ou se froisserait tout en diminuant de taille au cours du temps
à venir. Toute sa vie en dépendrait à jamais. Les lois de la physique moderne, lois
valables pour les « Sages-Psi » leurs lois feraient réduire, scientifiquement parlant,
son talisman déjà froissé. Il souhaita se transformer en Homme Invisible. Mais la
Peau de Renard était une supercherie. Il crut voir augmenter sa force. Soudain ses
muscles gonflèrent, ses os durcirent et s'allongèrent et son corps se transforma en
ALIEN invisible. Il devint un monstre extraterrestre qu'il avait vu à la télé... « Que
désirez-vous ? Que voulez-vous pour vous servir ? »furent ses premiers mots
d'extraterrestre. Il fit ses premières manifestations en tant que « Sage-psi ». Adieu la
Terre. Maintenant Môhrn allait se lancer dans l'espace. La Peau de Renard s'était
presque entièrement rapetissée. Devenu invisible, Il allait quitter la planète. « Quelle
hallucination ! Ils ont mal compris ! Je souhaite redevenir Môhrn ! » Dieu eu pitié de
lui mais ne le retransforma pas en humain. Môhrn sentit tout son anatomie se
transformer des ailes lui poussèrent. Bientôt il allait prendre son envol, et avant de
partir il comprit alors leur langage, leurs phrases si mystérieuses et pourquoi un
pauvre humain comme lui avait eu si peur avant sa transformation. Il sut que ces
phrases « Que désirez-vous, que voulez-vous ? » n'étaient que des formules polies
de la part des « profs de gym » et même ces phrases n'étaient pas agressives et
dénotaient même un sens inné de la communication... C'est alors qu'il se sentit libéré
sur le plan de la respiration. Maintenant toute respiration de sa part était un plaisir.
Un liquide froid, un fluide se répandait dans sa poitrine, glacial et même
supérieurement agréable. Il sut que ce gaz qu'il inhalait alors n'était pas de l'oxygène
mais de l'azote pour sa physiologie d'extraterrestre. Il comprit leur métabolisme
sophistiqué capable de retirer tous les délices pulmonaires de l'azote et aussi de
l'hélium quoi que l'hélium soit plus léger que l'air. Cet hélium était distribué aux ailes
par des membranes qui leur permettaient de voler, comme un aérostat.

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