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6ème Episode
LA FIN DU CAUCHEMAR
Suite et fin de la nouvelle Zâzhâr
Figurez-vous que le temps tourne autour d'une roue dont le diamètre est infini.
Sous cette roue immense sont une multitude de roues les unes dans les autres ;
celle du centre est imperceptible, et fait un nombre infini de tours précisésement
dans le même temps que la grande roue n'en achève qu'un.
Voltaire. (Le Blanc et le Noir)
Môhrn rêvassait en pensant à Kadath l'inconnue. Le voyage sans déplacement
allait commencer. Des voûtes célestes encadraient des remparts étoilés. Il
distinguait de petits bonshommes à l'aspect remuant qui transitaient sur des
barques invisibles. Ils voyageaient dans l'espace et lentement, au fil du temps,
Môhrn devinait plus qu'il ne comprenait qu'ils avaient franchi le portique. Immobiles
ou agités de petits mouvements quasi imperceptibles, ils pagayaient : un coup à
gauche, un coup à droite. Transi d'effroi devant l'immensité du gouffre interstellaire
qui le séparait d'eux, il songea un instant aux arcanes dissimulés derrière ces
frontières inconnues. Il aperçut alors le voyage sans déplacement, le voyage
immobile vers la terrifiante planète Yi-dith, dans le système de Deneb. La planète
apparaît un instant. Les extraterrestres demandèrent « Que voulez-vous ? Que
désirez-vous pour vous servir ? ». Môhrn entendit un gong,, une petite mélodie qui
lui rappela le jingle de la SNCF. Il sut qu'il était arrivé à destination, qu'il avait
emprunté un train des étoiles. Alors Môhrn rêva. Un sommeil profond s'empara de
lui. Dans son rêve Môhrn eu l'impression qu'une formule magique était prononcée
contre lui. Il sut que désormais son cerveau allait être endormi. Magie céleste ?
Certaines des planètes qui peuplaient le continuum espace-temps étaient des
superterres, des planètes dont la masse dépassait de trois à quatre fois la masse
terrestre. Pouvaient-elles abriter des êtres intelligents ? C'était un Univers
hyperbolique. L'Univers aurait en réalité une géométrie ouverte et au cours de sa
vie adopte un pli, une sorte de « paysage » qui permet à ces êtres intelligents de
réunir des bords d'une corde cosmique qui sépare des lieux immensément
éloignés. Le cerveau de Môhrn calculait la trajectoire qui lui lui permettait
d'effectuer le voyage dans le cosmos depuis son minuscule appartement.. Môhrn
eut alors l'idée de communiquer avec les extraterrestres dans le langage cosmique,
les mathématiques. En effet il existe bien : celui de l'arithmétique. 2 et 2 font
toujours 4 partout dans l'Univers. S'appuyant sur cette règle, ce qu'il dit ensuite
était exact sur le plan mathématique. 1 + 1= 2 et cela aussi était exact. Ces
premières phrases firent taire les extraterrestres. Môhrn se demenda s'il y avait une
transition dans leur langage suranné. Allait-il accomplir un souhait, comme Aladin et
la lampe merveilleuse ? Allait-il devenir riche, célébre, et aimé des femmes ? Non.
Leurs voix disparurent. Ils arrêtèrent en effet de dire « Que voulez-vous ? Que
désirez-vous pour vous servir ? ».2+2 = 4. L'avaient-ils dit plus de 4 fois ?
L'un des outils pour savoir si un message contient ou non de l'information est la loi
de Z. qu 'observe la majorité des langues Fait très intéressant, la loi de Z. se vérifie
dans les émissions vocales des dauphins. La loi de Z. établit une relation entre la
fréquence d'occurrence des mots
et leur rang. Leurs voix « Que désirez vous ? Que voulez-vous pour vous servir ? »étaient généralement désordonnées, comment pourrions-nous trouver un langage
permettant de communiquer avec n'importe quel type d'être en dehors de la Terre ?
À quelle communication pouvons-nous nous attendre si l'autre espèce intelligente
(les Sages-Psi par exemple) ne partage aucun mécanisme cérébral avec nous ?
Voire si elle n'utilise pas de « mots » pour l'échange d'informations ? Et si même les
mathématiques étaient foncièrement humaines ?
Ainsi se termine l'histoire. Et si 100 milliards de civilisations peuplaient l'univers
observable ?
Bien qu'un tel nombre paraisse démesuré, il représente en moyenne une
civilisation par galaxie (au moins). Si la plus proche (Andromède, qui est à 2,5
millions d 'années-lumière) en abritait une, l'échange de salutations prendrait au
moins, si on égalait la vitesse de la lumière, 5 millions d 'années ! Ainsi, si les
Sages-Psi voulaient communiquer avec la galaxie Andromède, cela prendrait plus
de 5 millions d'années et les demandes des extraterrestres ne seraient pour ainsi
dire jamais accomplies. Parmi d'autres questions comment supporterions-nous
l’impact culturel d'un accès aux communications et aux valeurs d'une civilisation
supérieure ?
Il faisait jour dans la petite chambre où Môhrn habitait. Maintenant il était éveillé.
L'hallucination s'était estompée. Leurs corps avaient disparu. Fermant les yeux,
Môhrn pensa un instant : « J'ai tant souffert. Aurai-je la possibilité de ne plus penser
à eux ? » Môhrn scanda la parole du magicien d'oz : « Pose la pierre qui plaît à
l'esprit, puis entre l'Alpha et l’Oméga formule ta demande. ». Môhrn gardait en
souvenir la petite boîte d 'allumettes magique avec un Z gravé à l’intérieur, l’initiale
même de Zâzhâr, ZAZHAR autrement dit.