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Mythologie grecque, par ZOLTAN
LA NAISSANCE DU MONDE ET DES DIEUX
Qu'est-ce que la mythologie grecque ?
La mythologie grecque est l'ensemble organisé des mythes provenant de la Grèce
antique. Elle couvre une longue période allant de la civilisation mycénienne jusqu'à
la domination romaine.
Contrairement aux trois monothéismes (judaïsme, christianisme, islam), que l'on
qualifie souvent de religions révélées et qui nous viennent d'une source unique
(Bible, Coran), la mythologie grecque nous est parvenue d'une part par les textes
gravés sur les monuments, les sculptures, les bas-reliefs, c'est-à-dire tout ce que
l'on nomme l'épigraphie, et d'autre part par la littérature antique.
Nombreux sont les auteurs ayant nourri la mythologie grecque. Parmi eux, on
compte des noms aussi prestigieux que les poètes Homère et Hésiode, des
tragiques comme Eschyle, Sophocle et Euripide, des poètes comiques ou lyriques
comme Aristophane ou Pindare, des historiens comme Hérodote et Plutarque, des
géographes comme Pausanias, des mythographes comme Apollodore ou Hygin,
des poètes latins comme Virgile et Ovide
On compte aussi des noms moins connus, tels Denys d'Halicarnasse, Longus ou
Apulée, ainsi que beaucoup d'autres. La tradition issue du légendaire poète Orphée
(appelée orphisme) constitue une autre source, présentant une alternative aux
mythes « usuels ».
Nous allons voir dans cet article comment la mythologie grecque explique l'origine
du monde (la cosmogonie, du grec cosmos :monde ordonné, et
gennân :engendrer) et des dieux (la théogonie, du grec théos :dieu, et gennân).
Contrairement aux religions monothéistes, dans la mythologie grecque, la
cosmogonie se confond avec la théogonie. Alors que, dans la Bible, Au
commencement est le Verbe, pour les Grecs le début est chaotique, désordonné et
nous allons voir comment on est passé du désordre à l'harmonie, comment Zeus et
les Olympiens ont construit un monde ordonné, paisible, beau et bon, où les
humains (quand il y en aura) pourront vivre heureux. Ce que les Grecs nomment
un cosmos.
La racine grecque cosm- traduit l'idée d'harmonie et de beauté, et se retrouve à la
fois dans les mots grecs cosmos (le monde ordonné, par opposition au monde
désordonné qu'est le chaos) et cosmé (la parure, d'où le mot cosmétique).
Évidemment, la multiplicité des sources entraîne des versions différentes suivant
les auteurs, et partant, des contradictions. Aussi a-t-il nécessité de faire des choix.
Présentation sommaire des dieux de l'Olympe
Le roi des dieux se nomme Zeus. Du haut du mont Olympe il règne sur les dieux et
les hommes, en compagnie de son épouse, la jalouse et redoutable Héra.
Il est né des Titans Cronos et Rhéa, et ses frères et sœurs sont Poséidon, Hadès, Héra (qui deviendra aussi sa femme), Hestia, et enfin Déméter.

Zeus et sa foudre, ou peut-être Posseidon et son trident
Zeus a eu quelques enfants de son épouse légitime Héra (Héphaïstos, Arès, etc), mais aussi d'autres issus d'autres femmes, déesses ou mortelles. Parmi eux, Athéna (issue de
sa première épouse Métis), Apollon et Artémis (enfants de Léto), Hermès (fils de
Maïa), Dionysos (fils de Sémélé). A ceux- ci s'ajoute Aphrodite.
Les quatorze noms en gras sont appelés les dieux de l'Olympe, ou Olympiens.
Nous y reviendrons plus en détail au chapitre Le partage du monde.
Zeus n'a pas toujours été au pouvoir. Il a dû prendre ce pouvoir à son père Cronos,
qui lui-même a dû détrôner son père Ouranos. Voici comment le règne de Zeus
s'est imposé. Et par là-même l'ordre du monde, le cosmos.
Les divinités primordiales
Selon Hésiode, au commencement de tout était le Chaos. Chaos n'était pas
vraiment une personne douée de conscience, mais un lieu où tout était indistinct,
sans ordre, sans forme (apeiron en grec : sans délimitation, sans contour, donc
sans identité).
Puis, par ce que les Grecs tiennent pour un miracle, apparut Gaïa (la Terre), cette mère sur qui l'on peut toujours compter et s'appuyer.
Apparut aussi Tartare, un lieu sinistre situé aux tréfonds de la Terre, un lieu plein de
moisissures et où les ténèbres régnaient.
Apparurent enfin Éros (le Désir amoureux vu comme force créatrice primordiale),
Erèbe (les Ténèbres des Enfers) et Nyx (la Nuit).
Éros commença à unir les Ténèbres et la Nuit, et en naquirent Éther (le Ciel
supérieur) et Héméra (le Jour).
Toute seule, Gaïa engendra Ouranos (le Ciel étoilé, Uranus pour les Romains),
Pontos (le Flot), ainsi que d'autres divinités telles que les montagnes (Ourea).
Le monde, les forces de la Nature (soleil, lune, etc), les divinités souveraines, ainsi
que les monstres furent engendrés dès ces instants par le Chaos, Gaïa, la Nuit et
les Enfers. Ces entités, à l'exception peut-être de Gaïa, désignent des principes
impersonnels plutôt que personnels, ils ne sont pas doués de conscience ni de
traits de caractère.
A présent le Ciel (Ouranos) recouvrait la Terre (Gaïa), et la fécondait en
permanence. Cette union (permise par Éros) donna naissance à trois séries
d'enfants.
La première est constituée de trois géants ayant chacun cinquante têtes et cent
bras, les Hécatonchires, ou Cent-Bras (en latin les Centimanes). Ils se nomment
Briarée, Cottos et Gygès.
Puis vint le tour des Cyclopes, trois géants aussi, mais ayant un seul œil à leur
front. Leurs noms sont Brontès (Tonnerre), Stéropès (Éclair) et Argès (Foudre). On
ne doit surtout pas les confondre avec d'autres cyclopes tels que Polyphème, que
le héros Ulysse rencontra lors de son voyage de retour vers Ithaque (raconté dans
l'Odyssée d'Homère). Aussi on nomme ces trois Cyclopes, les Cyclopes ouraniens,
parce que fils d'Ouranos.
Enfin naquirent les douze Titans, six hommes : Japet, Hypérion, Océan (ou
Okéanos), Crios, Céos (ou Cœos) et Cronos, et six femmes, les Titanides (ou
Titanes): Theia, Phœbé, Téthys, Mnémosyne (la Mémoire), Thémis (la Justice
divine) et Rhéa.
Ces douze-là sont les Titans de première génération. Les premiers dieux. Leurs
enfants sont appelés Titans de seconde génération, tels Prométhée, Atlas, etc.
Les enfants de Cronos, le cadet, et de Rhéa seront les dieux de deuxième
génération, ou premiers Olympiens.
Bien que différents, Cent-Bras, Cyclopes et Titans possédaient une caractéristique
commune : la violence, due à leur proximité avec le Chaos originel.
Cronos ne doit pas être confondu avec son paronyme Chronos, divinité primordiale
du Temps dans les traditions orphiques.
La naissance de l'espace et du temps
Mais Ouranos avait honte de ses premiers enfants, Cyclopes et Hécatonchires,
qu'il jugeait monstrueux. Sa honte devint haine et il les précipita tous au fin fond du
Tartare (l'enfer pour les Grecs).
Non seulement Gaïa était furieuse d'avoir perdu ses enfants, mais en plus elle
étouffait de l'étreinte perpétuelle qu'Ouranos lui faisait subir. Le Ciel recouvrait la
Terre de partout, la fécondait sans cesse, et surtout empêchait ses enfants de sortir
de Terre.
Gaïa appela alors ses enfants à l'aide à l'intérieur de son ventre. Elle demanda que quelqu'un se dévoue pour la séparer d'Ouranos. Cronos, son plus jeune fils, accepta.
Aussitôt, Gaïa lui promit le trône, créa le métal et en sortit une faucille qu'elle
lui confia. Cronos saisit le sexe de son père et le trancha d'un coup sec. Il le fit de la main gauche, ce pourquoi la main gauche deviendra pour toujours la mauvaise main, la "sinistra ». Ouranos poussa alors un cri qu'on put entendre dans tout l'univers, il se détacha de la Terre et fut comme plaqué au plafond,

La Mutilation d'Uranus par Saturne, de Georgio Vasari
libérant ainsi l'espace qui séparait le Ciel de la Terre. L'espace était né.
A présent tous les enfants de Gaïa pouvaient sortir de son ventre et ainsi
commença la succession des générations. Le temps lui aussi venait de naître. Les
générations allaient pouvoir se succéder, habiter le présent mais aussi ouvrir le
futur. Les Grecs tenaient là un dilemme : la succession des générations remédiait
certes à l'ennui et à l'immobilisme, mais elle apportait aussi le risque de la chute.
D'où la peur des générations.
Le sang versé qui retomba sur Gaïa engendra les Érinyes, les Méliades et les
Géants.
Les Érinyes se nommaient Alecto, Tisiphoné et Mégère. C'étaient trois terribles
déesses qui reçurent pour mission, depuis l'émasculation d'Ouranos, leur père, par
son fils Cronos, de venger les crimes familiaux ainsi que ceux commis contre
l’hospitalité. Elles étaient tellement craintes que par antiphrase, on les nommait
parfois les Euménides (les Bienveillantes) afin de ne pas s'attirer leur courroux.
C'est ainsi que le tragédien Eschyle a intitulé le troisième opus de son Orestie
(trilogie composée des trois pièces Agamemnon, puis Les Choéphores, puis enfin
Les Euménides). Les Romains les appelaient les Furies.
Les Méliades étaient des divinités guerrières, des nymphes des frênes, ces arbres
dont on faisait les arcs et les lances.
Le sang qui retomba dans la mer, quant à lui, féconda l'écume. Ayant vogué de Cythère à Chypre, jaillit alors la sublime déesse Aphrodite (du grec aphros :écume, Vénus pour les Romains).
Aphrodite était flanquée d’Éros (le bambin joufflu que les latins nomment Cupidon, à
ne pas confondre avec l’Éros primitif), et d'Himéros (le Désir).

La naissance de Vénus, de Sandro Botticell
Alors qu’Érinyes, Méliades et Géants étaient tournés vers la guerre, la violence,
Aphrodite et sa suite étaient plutôt tournées vers le désir, l'amour. C'était Éris (la
discorde) contre Éros (l'amour). Deux termes qui en grec ne diffèrent que d'une
lettre. Signe qu’Éros n'est jamais bien loin d’Éris, l'Amour jamais très éloigné de la
dispute.
Après avoir débarrassé sa mère d'Ouranos, Cronos, le cadet des Titans, devint le
premier roi des dieux, et il établit son palais sur le mont Othrys, en Thessalie. Mais
Cronos ne délivra pas ses frères Hécatonchires et Cyclopes tant il craignait d'être à
son tour renversé par eux.
Les premiers Olympiens
Gaïa prédit à Cronos (que les Romains nomment Saturne) que son fils le détrônerait, comme son père Ouranos fut renversé avant lui. Pour empêcher la prophétie, il se mit à
dévorer à leur naissance les enfants que lui donnait sa sœur et femme Rhéa. Cinq furent ainsi dévorés. Rhéa voulut sauver le dernier-né, Zeus. Lorsque Cronos se présenta à
elle, Rhéa enveloppa une pierre d'un lange et fit passer le tout pour le bébé. Cronos ne vit pas la supercherie et se dépêcha d'avaler ! Rhéa se réfugia en Crète et cacha le bébé dans une grotte aménagée par Gaïa, sous le mont Ida. Elle confia le
bébé aux Corybantes, aux Curètes et aux Méliades. Tandis que les Corybantes couvraient par leurs cris ceux du bébé, les Curètes quant à eux dansaient devant l'entrée de la grotte en frappant de leur lance des boucliers.

Saturne dévorant un de ses fils, par Francisco de Goya
Pendant ce temps le bébé était allaité par la chèvre Amalthée. La peau magique
de l'animal était imperméable aux lances et aux flèches. Plus tard, la malheureuse
sera sacrifiée, et sa peau recouvrira l’Égide (en grec, chèvre se dit aix, aigos), le
bouclier sacré de Zeus. Le roi des dieux prêtera souvent l’Égide à sa fille préférée
Athéna. La déesse de la sagesse placera plus tard sur le bouclier le visage
terrifiant de la Gorgone Méduse, qui pétrifie tous ceux qui croisent son regard. De
l'une des cornes d'Amalthée, la fameuse corne d'abondance, s'écoule un nectar
délicieux, celui qui a servi à nourrir le petit Zeus. Zeus la placera au ciel en tant
que constellation du Capricorne.
Le temps passa. Zeus, devenu grand et fort, épousa Métis, déesse de l'intelligence,
de la prudence et de la ruse, fille des Titans Océan et Téthys. Rhéa lui apprit enfin
la vérité sur ses origines, et l'existence de ses frères et sœurs, avalés par son père
Cronos. Comme ils étaient immortels, ils restaient dans le ventre de Cronos, mais
Zeus voulait les connaître et il se mit en tête de les venger. Métis l'aida en lui
remettant un émétique à donner à Cronos. Le Titan ne reconnut pas son fils et but
ce vomitif. Il recracha alors les cinq enfants qu'il avait avalés : Poséidon, Hadès,
Héra, Hestia et Déméter. Zeus, pourtant le benjamin, devint l’aîné de la fratrie, et le
fils préféré de Rhéa.
La guerre des Olympiens contre les Titans (Titanomachie)
Aussitôt les Titans, frères et sœurs de Cronos rallièrent leur frère, qui en plus était
leur roi. Une bataille épouvantable s'ensuivit, mais entre immortels, l'issue était
nulle. Cette guerre sans merci entre Zeus et les Titans fut appelée la Titanomachie.
Les Titans étaient basés au mont Othrys alors que Zeus et ses frères et sœurs
s'étaient établis sur le mont Olympe, d'où leur nom d'Olympiens.
Saturne dévorant un de ses fils, par Francisco de GoyaZeus réfléchit alors à comment gagner cette guerre.
Alors que sa femme Métis était enceinte, Ouranos et Gaïa lui prédirent que le fils de cette union deviendrait plus puissant que son père et finirait par le supplanter.
Zeus demanda alors à Métis de lui faire la démonstration de ses pouvoirs,
notamment dans l'art de la métamorphose où elle était passée maîtresse. Il lui demanda une tigresse, puis une louve, puis enfin une goutte d'eau. Goutte d'eau qu'il avala aussitôt. En avalant Métis, il fit sienne son intelligence.
N'ayant plus de femme, Zeus épousa alors en secondes noces la Titanide Thémis, la déesse de la justice, qui venait de se rallier à lui.
Il était alors, par ses deux premières femmes, doté de leurs qualités, l'intelligence et la justice. Mais cela ne suffisait pas à gagner la guerre. Il lui fallait conquérir la force.
Gaïa annonça à Zeus une ancienne prophétie selon laquelle il ne pourrait jamais
venir à bout des Titans sans l'aide des Cyclopes et des Hécatonchires. Ceux-ci
pourraient alors lui fournir leurs bras et leurs armes. Mais l'entrée du Tartare était gardée par le monstre Campé. Zeus tua cette gardienne, et délivra ces nouveaux alliés.
D'autres divinités rallièrent sa cause. Le Titan Prométhée, qui avait toujours un coup d'avance, et qui avait entrevu la victoire de Zeus, rallia sa cause avec son frère Épiméthée (les deux frères étaient fils du Titan Japet). En plus de la Titanide
Thémis, Zeus reçut aussi l'appui du Titan Océan, de sa fille Styx, ainsi que des enfants de cette dernière. Zeus leur promit qu'après la victoire, il attribuerait sa juste part du monde à chacun, selon son sens nouvellement acquis de la justice, depuis son mariage avec Thémis. En guise de récompense, lors du partage du monde qui suivra sa victoire, Zeus fera du nom de Styx un nom sacré. Tout serment fait par le Styx engagera de façon solennelle le dieu qui le prêtera. Si celui-ci était amené à le violer, il se verrait condamné à perdre le souffle et être banni de la société de ses semblables durant neuf ans. Zeus invitera de plus les enfants de Styx à demeurer dans l'Olympe, ainsi, Kratos (le Pouvoir) et Bia (la Force), deux des enfants de l'Océanide, deviendront les gardes du corps de Zeus. Ce sont eux qui enchaîneront le Titan Prométhée à un rocher du Caucase. Mais nous verrons cela au prochain épisode.
Pour remercier Zeus de les avoir libérés, les Cyclopes lui forgèrent son attribut principal, le foudre (nom masculin). Ils conçurent aussi le trident de Poséidon ainsi que le casque d'invisibilité d'Hadès, la kunée. Zeus devint alors le maître de la Foudre, de l’Éclair et du Tonnerre, et ces nouvelles armes lui conférèrent la force qui lui permit de vaincre Cronos et de l'enfermer au Tartare. Mais la guerre n'était pas finie pour autant. Atlas, fils de Japet, succéda à Cronos à la tête des Titans. Ceux-ci arrachaient des rochers gigantesques aux montagnes, qu'ils projetaient contre les nouveaux dieux. Mais finalement Zeus et les Olympiens vainquirent après une guerre de dix ans qui n'eut d'égale que la taille des belligérants. Zeus précipita les Titans au fond du Tartare où il confia aux Hécatonchires, morts au combat, la mission de les garder.

Quant à leur chef, Atlas, Zeus le condamna à porter sur ses épaules et pour l'éternité le lourd fardeau de la voûte céleste.

Atlas
La guerre des Olympiens contre les Titans (Titanomachie)
Le monde appartenait enfin aux Olympiens. Zeus avait réussi dans un premier
temps à instaurer un monde ordonné, beau et bon, un cosmos. Il tint sa promesse
et chaque dieu reçut sa part du monde et des attributions qui lui étaient propres.
Thémis garantissait que ce partage fût équitable, juste et stable, et non pas motivé
uniquement par la supériorité physique de Zeus. Selon certains auteurs ce partage
se fit au hasard.
Zeus (Jupiter romain) reçut la part du lion : l'Olympe, la terre et le Ciel. Il devint ainsi le
roi des dieux, abattant sa foudre sur tous ceux qui défiaient son pouvoir. Son animal
emblème était l'aigle

Zeus et sa foudre
Zeus épousa sa sœur Héra (Junon pour les Romains), qui devint la déesse des femmes, de la maternité et du mariage. L'emblème de Héra était le paon, sur la queue duquel figuraient les yeux du géant Argos, monstre aux cent yeux qui gardait Io, et
qu'Hermès tua.

Héra
Poséidon (Neptune romain), armé du trident, reçut la maîtrise de la mer et des
fleuves. Il épousa la Néréide Amphitrite. La maîtrise des mers passera ainsi
successivement du dieu primordial Pontos, fils de Gaïa, au Titan Océan, fils de Gaïa et Ouranos, puis enfin à Poséidon, fils de Cronos.

Poséidon et son trident
Hadès (Pluton romain) fut moins ambitieux que ses frères et se contenta du monde
souterrain. Du fait que ce monde ne fait que s'emplir, Hadès est surnommé le Riche. Il fut
ainsi vénéré sous le nom de Pluton par les Romains (du grec ploutos :riche). Son attribut est la kunée, ce casque qui rend invisible son porteur. Une étymologie populaire veut d'ailleurs que Hadès signifie invisible. Il épousa Perséphone, la fille de Zeus et de Déméter.

Hadès et le chien Cerbère
Hestia (Vesta romaine) devint la déesse de la famille et du foyer. Déméter (Cérès romaine) devint la déesse des saisons et des moissons. Elle était honorée dans les mystères d’Éleusis, un culte célébrant le retour à la vie et le cycle des moissons (voir pour cela le paragraphe consacré à Perséphone ci-dessous). Le nom de Déméter est à l'origine du prénom russe Dimitri.

Déméter et Triptolème
A l'exception d'Hadès, qui ne se rend jamais sur l'Olympe, on les appelle
Olympiens de première génération, ou grands Olympiens. On ajoute les Olympiens
de seconde génération, d'autres dieux, enfants que Zeus a eus avec Héra ou
d'autres femmes. Ce sont :
Déméter et Triptolème Hadès et le chien Cerbère Poséidon et son tridentAthéna (Minerve pour les Romains), sortie tout armée et casquée de la tête de Zeus après qu'il eut avalé Métis, sa première femme. Athéna est sa fille préférée, la déesse de la
sagesse, de l'intelligence et de la guerre savante, et après lui, elle est la plus puissante des dieux. Protectrice d'Athènes, son emblème est la chouette, cet animal qui voit en pleine nuit. Elle se voit souvent confier par Zeus l'égide, le bouclier recouvert de la peau impénétrable d'Amalthée, la chèvre qui allaita Zeus, et qui arbore la tête de la Gorgone Méduse, que le héros Persée décapita. Athéna prend souvent le surnom de Pallas
(c'est la dame de pique dans les jeux de cartes français), en référence au Géant qu'elle tua lors de la Gigantomachie.

Athéna du Varvakeion
De son épouse Héra naissent, entre autres, Héphaïstos (Vulcain romain), le dieu boiteux du feu et des forgerons, et le belliqueux Arès (le Mars des Romains), dieu de la Guerre
offensive et de la Destruction, haï tant par les mortels que par les dieux. La version majoritaire fait d'Héphaïstos le fils que Héra a enfanté toute seule, jalouse qu'elle était que Zeus ait pu avoir tout seul Athéna. A sa naissance, elle le trouve si laid qu'elle le jette de l'Olympe. Il tombe dans la mer et est recueilli par Thétis et Eurynomé qui l'élèvent pendant neuf ans, à l'insu de tous, dans une grotte de l'île de Lemnos.
Malgré sa laideur, il épousera la plus belle des déesses, Aphrodite. Mais celle-ci le trompera avec son frère Arès. Ingénieux, il trouvera un moyen de confondre leur adultère en les piégeant dans un filet, faisant ainsi d'eux la risée des dieux. Arès et Aphrodite auront plusieurs enfants : Harmonie, Déimos et Phobos (les deux derniers noms ont été donnés aux deux lunes de la planète Mars). Un tribunal porte le nom d'Arès : l'Aréopage, à Athènes, ce qui veut dire « la colline d'Arès ». Depuis, on appelle un aréopage (et non pas aéropage), une assemblée de juges, de savants, d'hommes de lettres très compétents.

Arès
De Léto (Latone romaine), fille des Titans Céos et Phœbé, naissent deux jumeaux : Apollon (ou Phébus, Phœbos qui signifie brillant), dieu de la lumière, de la divination, de la médecine et des arts, parfois aussi du Soleil, et que les Romains ont adopté sans changer son nom, et Artémis (ou Cynthia), déesse de la chasse et de la nature sauvage, parfois aussi de la Lune, et que les Romains nomment Diane.
Quand elle apprit l'union adultère de Zeus avec Léto, la jalouse Héra poursuivit sa rivale de sa vindicte. Comme elle dirigeait les accouchements, elle fit en sorte que Léto ne pût accoucher ni sur terre ni en aucun lieu où brillait le soleil. Léto se réfugia alors sur l'île d'Ortygie, qui provenait de la métamorphose de sa sœur Astéria et qui, flottant entre la terre et la mer, n'encourait alors pas la malédiction de Héra. Zeus accrocha l'île au fond de la mer, et celle-ci prit le nom de Délos (délos :visible, manifeste). Puis Héra lança le serpent Python aux trousses de Léto.
Athéna du Varvakeion ArèsApollon tua le serpent Python qui terrorisait la région de Delphes, puis il y établit son sanctuaire. La prêtresse de Delphes, la Pythie (ou sibylle), délivrait son oracle, toujours par des expressions incompréhensibles, sibyllines (Sibylle ayant été une des pythies célèbres). Au fronton du temple de Delphes on peut lire deux maximes importantes de la philosophie : Rien de trop, et Connais-toi toi-même. Apollon
jouant de la lyre est souvent accompagné des neuf Muses (Apollon Musagète). C'est sans doute l'un des dieux les plus importants du panthéon grec. On dit de lui que c'est le plus
grec de tous les dieux.

Apollon du Belvédère
Artémis, comme Hestia et Athéna, est une déesse chaste, on ne lui connaît aucune aventure amoureuse. Mais on lui connaît des conflits avec les chasseurs Orion et Actéon, ce dernier ayant été transformé en cerf puis dévoré par ses propres chiens... juste pour avoir vu la déesse nue en train de se baigner ! Son temple à Éphèse est une des sept
Merveilles du monde.

Diane Chasseresse, ou Diane à la Biche
Les jumeaux Apollon et Artémis passaient pour les meilleurs archers de toute la
Création.
De l'union de Zeus avec la Pléiade Maïa viendra Hermès (Mercure pour les Romains), qui sera le messager des dieux, surtout de Zeus, et le dieu des voyageurs, des voleurs et des marchands. Tout bébé déjà, il s'illustre en volant les troupeaux de son grand frère Apollon, au grand amusement de leur père commun Zeus. Hermès, pour se faire pardonner, propose alors à son grand frère un troc. En échange de la lyre, instrument qu'il vient d'inventer, Hermès reçoit une baguette d'or, le futur caducée, ainsi que le don de prophétie mineure par le biais de l'oracle de ces femmes-abeilles que l'on nomme les Thries.
Hermès a donné son nom à l'hermétisme et à l'herméneutique, science de l'interprétation des textes, car seul Hermès peut interpréter les paroles de Zeus, dont il est devenu le messager personnel. Hermès guide aussi les âmes des morts jusqu'aux rives du Styx (Hermès psychopompe).

Hermès
Avec la mortelle Sémélé, fille de Cadmos et d'Harmonie, Zeus aura Dionysos (ou
Bacchos, Bacchus pour les Romains), le dieu du vin et de l'ivresse. Mi-mortel, mi-immortel, c'est le plus étrange des dieux.
Héra, jalouse de Sémélé, prend l'apparence de sa suivante pour susciter en elle le désir
de voir Zeus son amant dans toute sa splendeur divine. Zeus refuse dans un premier temps, mais sous les suppliques de Sémélé, il finit par céder. Sémélé et tout son palais s'embrasent alors même qu'elle est enceinte. Zeus réussit à sauver le bébé, qu'il coud à sa cuisse. Le rejeton naîtra ainsi de sa cuisse, faisant de Dionysos celui qui est né de la cuisse de Jupiter. Le deux fois né.

Dionysos
Les sœurs de Sémélé la feront passer pour une usurpatrice et Dionysos n'aura de
cesse que de retourner dans sa ville, Thèbes, afin de restaurer l'honneur de sa
mère et se faire reconnaître comme un dieu, fils de Zeus. Le dieu du vin, tenant
son thyrse, sceptre en bois surmonté d'une pomme de pin, est souvent
accompagné de son thiase, un cortège de satyres et de ménades (bacchantes). Le
philosophe Nietzsche mettra l'accent sur l'opposition entre Apollon (l'ordre et la
beauté) et Dionysos (le désordre et l'hybris). C'est Dionysos qui fera don au roi
Midas de transformer en or tout ce qu'il touche. C'est aussi lui qui épousera la belle
Ariane sur l'île de Dia (ou peut-être Naxos). Le prénom français Denis provient de
Dionysos (Dionysos, puis Denys, puis Denis). Ainsi les habitants de Saint-Denis sont-ils appelés les Dionysiens. A toutes ces divinités s'ajoute la belle Aphrodite (ou Cythère), déesse de l'amour et de la beauté, issue de l'écume ou (selon les sources) fille de Zeus et de Dioné, et qui malgré sa beauté, deviendra l'épouse du laid Héphaïstos, mais qui le cocufiera avec Arès. Les Romains l'appellent Vénus.

La Vénus de Milo
Les rôles étant distribués, le monde était à présent ordonné. C'était un monde
harmonieux, juste, beau et bon, un cosmos, sur lequel Zeus régnait en maître.
Vous trouverez à la page suivante un arbre généalogique des principaux dieux
grecs.

Divinités mineures
Aux douze dieux de l'Olympe (ou quatorze suivant les versions), on peut ajouter
quelques divinités mineures :
Éros, On distingue deux Éros : Le premier est une des cinq divinités primordiales avec Tartare, Nyx, Gaïa et Erèbe. C'est un principe représentant les unions non sexuées. Il rend manifeste la dualité, la multiplicité incluse dans l'unité. C'est grâce à lui que Gaïa peut s'unir à ses fils Ouranos et Pontos. Le second est né en même temps qu'Aphrodite juste après la castration d'Ouranos, ou bien, dans Le Banquet, de Platon, de Poros (l'Abondance) et de Pénia (la Pauvreté), ou enfin d'Aphrodite et d'Arès (selon la plupart des auteurs), et il est représenté comme un bambin joufflu armé d'un arc et dont les flèches suscitent le désir. Celui-ci est assimilé au Cupidon romain. On lui connaît une
aventure avec la mortelle Psyché.

Psyché ranimée par le baiser de l'amour, de Antonio Canova
Perséphone (ou Coré, ce qui signifie jeune fille, Proserpine pour les Romains),
reine des enfers, épouse d'Hadès et fille de Zeus et de Déméter. Hadès, aidé de
Gaïa et conformément au plan de Zeus, enlève Perséphone et la prend pour
femme. Furieuse, et surtout éplorée, Déméter cesse alors toutes ses activités de
déesse des moissons, et cherche sa fille partout, recourant même aux services
d'Hécate et d'Hélios. Quand le dieu du Soleil, qui voit tout, lui révèle qu'Hadès a
enlevé sa fille, Déméter va se plaindre à son frère Zeus. Alors que l'humanité est
menacée d'extinction et que les dieux ne peuvent se passer de ces humains qui les
distraient et les honorent, Zeus se voit contraint d'arbitrer alors entre son frère et sa
sœur. Mais il se trouve que la jeune fille a déjà goûté à un fruit des Enfers, un
simple pépin de grenade, mais qui l'enchaîne inexorablement au monde souterrain.
Perséphone devra alors passer six mois avec son époux Hadès, et six mois avec
sa mère Déméter. Ainsi pendant les mois d'hiver et d'automne, Perséphone n’étant
pas avec sa mère, Déméter éplorée cesse de rendre les sols fertiles. Elle ne
reprend son office que pendant les mois de printemps et d'été. C'est ainsi que les
Grecs expliquaient le cycle des saisons.
Charon, nocher des Enfers, fils de l'Erèbe et de la Nuit. Sur sa barque il faisait
traverser le Styx, contre une obole, aux âmes des morts ayant reçu une sépulture.
Autres divinités des Enfers : Hécate (une des divinités de la Triade Lunaire, avec
Séléné et Artémis), les frères Thanatos (Mort) et Hypnos (Sommeil), Morphée, les
trois juges Minos, Eaque et Rhadamanthe.
Psyché ranimée par le baiser de l'amour, de
Antonio CanovaDioné : parèdre de Zeus, son nom est la version féminine de Zeus en grec. En effet
le génitif de Zeus est Dios. Assimilée à la Déesse mère, elle faisait l'objet d'un culte
important dans le sanctuaire oraculaire de Dodone. Selon Homère, Zeus et Dioné
seraient les parents d’Aphrodite. Elle est parfois confondue avec Dioné, une des
Hyades, filles du Titan Atlas et de l'Océanide Ethra.
Hélios, Personnification du Soleil, fils des Titans Hypérion et Théia. Il est parfois
assimilé à Apollon, bien que ce dernier représente plus la lumière que le soleil. Il
conduit le char du Soleil, tiré par quatre chevaux, dans sa course diurne du levant
au ponant. D'en haut, il voit tout. C'est lui qui révèle à Héphaïstos la liaison
adultérine d'Aphrodite avec Arès. C'est lui aussi qui révèle à Déméter qu'Hadès a
enlevé sa fille Perséphone. Une statue colossale est érigée en son honneur : le
colosse de Rhodes, qui est une des sept merveilles du monde. De différentes
femmes il aura entre autres Eétès, roi de Colchide (cf Jason et la toison d'or),
Augias, roi d'Elide (cf Héraclès), la magicienne Circé (cf Ulysse), Pasiphaé, reine
de Crète et épouse de Minos (cf Thésée), Phaéton.
Thétis, une des Néréides, nymphes marines filles de Nérée et de Doris. Elle ne doit pas être confondue avec sa grand-mère la Titanide Téthys, une divinité marine primordiale. Désirée par Zeus et Poséidon, au moment où Zeus veut l'épouser, Thémis prédit que de leur union naîtra un fils plus fort que son père. Les dieux se hâtent alors de la donner en mariage à un mortel. Elle épousera Pélée, et de leur union naîtra le héros grec Achille. Thétis rendit son fils invulnérable en le plongeant dans les eaux du Styx. Du moins presque car le talon ne fut pas trempé et devint alors la seule faiblesse du héros. D'où l'expression « le talon d'Achille ».

Jupiter et Thétis, par Ingres
Amphitrite, Néréide sœur de Thétis, elle subit les assauts de Poséidon. Elle
commença par résister à ses avances mais le messager Delphinos plaida si bien la
cause de Poséidon que finalement elle accepta de l'épouser. De leur union
naquirent Triton, Benthésicymé et Rhodé. Et Poséidon plaça Delphinos au ciel
dans la constellation du Dauphin.
Asclépios (Esculape romain), dieu de la médecine, fils d'Apollon et de Coronis. Le
centaure Chiron lui apprit l'art de la médecine, au point qu'Asclépios était parvenu à
ressusciter les morts. Ceci ne fut pas du tout du goût du seigneur des morts,
Hadès. Celui-ci alla se plaindre à Zeus, son frère. Devant le danger de
surpeuplement qu'Asclépios faisait courir à la Terre, le roi des dieux foudroya le
malheureux. En représailles, Apollon transperça de ses flèches d'or les Cyclopes,
qui forgeaient la foudre de Zeus. Zeus le chassa de l'Olympe, le condamnant à se
mettre au service du roi Admète durant une année. Asclépios fut tout de même
placé au ciel et devint la constellation du Serpentaire (Ophiuchus), le treizième
signe du zodiaque.
Jupiter et Thétis, par IngresPan (ou Égipan, Faunus romain), protecteur des bergers et des troupeaux, son
ascendance varie suivant les sources. Particulièrement laid, il suscitait chez ceux
qui le voyaient une peur...panique. C'est ce qui arriva à la nymphe Syrinx qui
préféra se jeter dans une rivière plutôt que de céder à ses avances. Morte, elle se
changea en roseau, dont Pan fit une flûte...de Pan, appelée aussi syrinx en
hommage à la nymphe. Debussy composera un morceau de musique intitulé
Syrinx. Pan est considéré comme le seul dieu mortel.
Iris, messagère des dieux, surtout de Héra comme Hermès était celui de Zeus,
personnification de l'arc-en-ciel, fille de Thaumas et de l'Océanide Electre.
Éris, déesse de la Discorde. Seule divinité à ne pas être invitée aux noces de
Thétis et de Pélée, elle jette dans le jardin une pomme d'or sur laquelle est écrit « A
la plus belle », ce qui provoquera la guerre de Troie.
Harmonie, fille d'Arès et d'Aphrodite, elle épousera Cadmos, le fondateur de la ville
de Thèbes. De leur union naîtront quatre filles : Ino, Sémélé, Autonoé et Agavé,
ainsi que deux fils : Illyrios et Polydore. Sémélé sera la mère du dieu Dionysos.
Cybèle, déesse mère, parfois assimilée à Rhéa ou à Déméter. Son culte, venu de
Phrygie, a été adopté par les Grecs et les Romains.
Puis Séléné (Lune), Éos (Aurore), Némésis (Juste colère), Ilithyie
(accouchements), Hébé (jeunesse), Hygie (santé), Hermaphrodite, Ploutos
(richesse), Priape, Triton, Nérée, Protée, Tyché (fortune), Até (faute), etc.
Ajoutons les dieux des vents Éole, Borée, Euros, Notos, Zéphyr.
Les neuf Muses, filles de Zeus et de la Titanide Mnémosyne (la Mémoire), déesses
des arts et des sciences : Clio (Histoire), Euterpe (Musique), Thalie (Comédie),
Melpomène (Tragédie), Uranie (Astronomie), Érato (Poésie lyrique et chorale),
Terpsichore (Danse, chant choral), Polymnie (Rhétorique) et Calliope (Éloquence,
poésie épique).
Les trois Charites (Grâces romaines), filles de Zeus et d'Eurynomé (ou
d'Eunomie) : Euphrosyne, Thalie, Aglaé.
Les trois Moires (Parques romaines), déesses du Destin (en grec moira), qui filent
les destinées humaines : Clotho, Lachésis, Atropos.
Les trois Érinyes (Furies romaines) : Alecto, Tisiphoné, Mégère. Terribles déesses
chargées de venger les crimes familiaux ou ceux dus au manque d'hospitalité.
On peut mentionner d'autres groupes de déesses : les Thries, les Heures, les
Hespérides, les Pléiades, les Gorgones, les Grées, les Harpies (ou Harpyes), les
Sirènes, les Nymphes, les Hyades, les Océanides, les Néréides, les Méliades.La guerre des Olympiens contre les Géants (Gigantomachie)
La Gigantomachie (guerre contre les Géants) est un épisode qu'on rencontre peu
souvent dans la littérature.
Les Géants étaient ces créatures issues du sang d'Ouranos tombé sur la Terre
après sa mutilation par Cronos. Ils avaient un statut à part : ni tout à fait immortels,
ni tout à fait mortels. En fait ils ne pouvaient être tués que par l'action d'un dieu
doublée de celle d'un mortel, homme ou demi-dieu. Ils étaient ainsi voués à
l'éternité, et en même temps au changement et à la mort. Mais de Chaos ils avaient
conservé la nature violente, l'hybris, ce mélange d’orgueil et de démesure tant haï
des Grecs. Cette hybris les poussa à vouloir s'emparer de l'Olympe, nouvellement
établi. Ils entassèrent des montagnes les unes sur les autres pour se faire comme
un escalier afin d'atteindre le palais de Zeus. Mais celui-ci foudroya ces blocs de
roche qui retombèrent sur eux.
Les autres dieux participèrent aussi à cette guerre.
Athéna dépeça le Géant Pallas, et revêtit sa peau comme armure sous le nom de
Pallas-Athéna.
Chaque dieu affronta ainsi son Géant, et Héraclès achevait le travail en le
transperçant d'une se ses flèches.
Héraclès était ce fils que Zeus conçut pour la circonstance avec la reine mortelle
Alcmène.
Mais Gaïa jouait un double jeu. Elle voulait certes que le monde ordonné émerge
du désordre, mais pas au prix de la disparition complète du Chaos. Elle choisit
donc d'aider les Géants. Pour ce faire, elle fit pousser une herbe capable
d'empêcher les Géants de succomber sous les coups d'un mortel. Zeus, depuis
qu'il avait avalé Métis, était devenu aussi intelligent et rusé qu'elle. Il comprit le
stratagème de Gaïa. Il ordonna au Soleil, à la Lune et à l'Aurore de cesser
d'éclairer le monde afin que les Géants soient plongés dans les ténèbres. Pendant
ce temps il coupait toutes les herbes d'immortalité que Gaïa avait fait pousser.
Finalement les Géants furent tous vaincus, tels Encelade ou encore Alcyonée, un
Géant qui était immortel tant qu'il restait au contact de la Terre, ou bien encore les
Aloades (les frères Otos et Ephialtès).
La guerre des Olympiens contre le monstre Typhon
Zeus avait vaincu. Le monde semblait enfin calme. Mais Gaïa n'avait pas dit son
dernier mot. Non seulement elle voulait venger ses enfants les Géants, mais aussi
et surtout elle avait compris que le règne de Zeus risquait de mener à un monde si
ordonné qu'il en perdrait sa saveur, deviendrait ennuyeux et mort, privé qu'il serait
de toute différence. Gaïa voulait certes que l'ordre soit rétabli, mais pas au prix de
la disparition totale du Chaos. Elle considérait que l'altérité avait sa place, ainsi que
le mouvement et la vie. Il fallait donc de l'ordre mais sans que le Chaos soit
totalement anéanti, ce qui mènerait à un monde ennuyeux et dépourvu de vie.
Elle décida alors d'apporter ce grain de sable qui aller gripper la machine. Ainsi,
bien qu'ayant aidé Zeus à plusieurs reprises, elle choisit de s'unir au Tartare pourengendrer alors le plus terrible monstre que les dieux eurent à affronter : Typhon
(ou Typhée). Plus grand, plus puissant et plus terrifiant encore que toutes les
divinités déjà rencontrées. Typhon était une des nombreuses résurgences du
Chaos originel que Zeus puis les héros auraient à vaincre afin de restaurer l'ordre
si chèrement acquis.
Typhon comprit que lui aussi devait se faire des alliés. Pour ce faire il commença
son entreprise de destruction de l'harmonie universelle en libérant Atlas, puis en
appelant à l'aide les Hécatonchires.
Terrifiés, les dieux prirent la fuite, se changeant en oiseaux. Les plus puissants
d'entre eux (Héra, Aphrodite, Artémis, Léto, Apollon, Arès, Dionysos, Héphaïstos,
Hermès, Héraclès, etc) se réfugièrent dans le désert d’Égypte où ils prirent
l'apparence d'animaux. Certains auteurs relient ainsi les mythologies grecque et
égyptienne, Typhon étant alors assimilé au dieu égyptien maléfique Seth.
Aphrodite et Éros se réfugièrent jusqu'à l'Euphrate. Acculés à une falaise ils se
changèrent en poissons et plongèrent dans le fleuve. Zeus placera ces poissons au
ciel pour en faire la constellation des Poissons.
Seuls deux dieux choisirent d'affronter le monstre : Zeus et sa fille préférée Athéna.
Zeus était armé de sa foudre et de la faucille qu'avait utilisée Cronos contre son
père Ouranos. Typhon parvint à retourner la faucille contre Zeus, lui coupa les
tendons et l'assomma. Il conserva ces attributs dans une grotte qu'il gardait secrète
et dont il confia la garde à sa sœur, le monstre femelle Echidna (ou Delphyné).
C'est là que les versions divergent. Nous évoquerons trois versions : celle
d'Hésiode, celle d'Apollodore et celle de Nonnos de Panopolis.
Le récit d'Hésiode est peu circonstancié mais il mentionne tout de même déjà
l'enjeu de cet affrontement: si Typhon l'emporte sur Zeus, et devient maître du
monde, des mortels comme des immortels, plus personne ne pourra s'opposer à
lui, et le désordre le plus grand prendra définitivement le dessus sur l'harmonie du
cosmos. Le chaos triomphera sur l’ordre, la guerre sur la paix, la violence sur la
justice, la bêtise sur l'intelligence et les hommes ne pourront plus chercher une vie
bonne en harmonie avec le cosmos car il n'y aura tout simplement plus d'harmonie
avec laquelle s'accorder. Il en va donc de la survie de l'ordre cosmique tout entier.
Mais si Zeus gagne, le monde sera juste et ordonné certes, mais restera-t-il de la
vie, du mouvement, du temps et finalement de l'histoire ?
D'après Apollodore, c'est Hermès, aidé du dieu Égipan (peut-être un autre nom
pour Pan, le dieu des bergers), qui joua de la flûte de Pan (appelée aussi syrinx)
pour endormir Typhon. Puis il vola les tendons de Zeus et les remit à leur
propriétaire. Zeus, une fois remis sur pied, demanda l'aide des Moires.
Au nombre de trois, les Moires présidaient à la destinée (en grec moira) des dieux
et des hommes, dont elles étaient très redoutées. Clotho la Fileuse tissait le fil de la
vie, Lachésis, la Répartitrice, le déroulait, et enfin Atropos, l'Implacable, le coupait.
Les Romains les nommaient les Parques.
Elles offrirent un fruit à Typhon, le persuadant qu'il allait le rendre plus fort. Mais au
contraire le fruit lui fit perdre toutes ses forces, de la même façon que Zeus avait
perdu les siennes. Zeus vainquit le monstre.Selon Nonnos de Panopolis, c'est Éros et Cadmos, le frère d'Europe, qui aidèrent
Zeus à vaincre Typhon.
L'enjeu reste le même : si Typhon l'emporte, tous les dieux de l'Olympe seront
définitivement asservis à celui qui prendra la place de Zeus, jusques et y compris
aux côtés de sa femme, Héra, que Typhon ne cesse de convoiter et de vouloir
enlever au maître de l'Olympe.
Chez Nonnos, c'est Cadmos qui apparaît comme le sauveur de l'harmonie
universelle. En effet Cadmos joue de la syrinx devant le monstre, qui apprécie tant
la musique qu'il lui promet mille choses, parmi lesquelles la main d'Athéna, s'il
continue à jouer afin que lui, Typhon, épouse Héra. Sous les flèches d’Éros,
Cadmos demande à se confectionner un autre instrument, une lyre, un instrument
qui permet de jouer plusieurs notes en même temps, permettant donc ce qu'en
musique on appelle l'harmonie. En cela la lyre est un instrument plus harmonieux
qu'une flûte. Il réclame, pour fabriquer les cordes, des tendons divins qui seuls
seront assez résistants. Typhon tombe dans le piège et lui fournit de lui-même les
tendons de Zeus. Puis Cadmos endort Typhon et rend les tendons à leur
propriétaire. Zeus, une fois réparé, vient à bout du monstre. On remarquera le rôle
joué par la musique dans la restauration de l'harmonie universelle. Zeus
consacrera même cette harmonie en donnant à Cadmos la main de la déesse...
Harmonie, la fille d'Arès et d'Aphrodite, et les dieux assisteront à leurs noces. Tout
un symbole.
Quoi qu'il en soit, Typhon est finalement foudroyé par Zeus et comme il est
immortel, il est enseveli sous l'Etna (ou le Vésuve) où il rejoint le Géant Encelade,
presque aussi dangereux que lui. Mais Typhon a eu le temps de s'accoupler à sa
sœur Echidna pour engendrer les monstres les plus terribles du bestiaire grec
(Cerbère, l'Hydre de Lerne, la Chimère, le Sphinx, les Harpies, le Lion de Némée,
etc).
L'harmonie du monde, du cosmos, est enfin restaurée. Et même si subsistent de
Typhon des vents violents en mer (appelés justement typhons) et des orages sur
terre, ceux-ci ne gêneront peut-être que les mortels, mais ne seront en rien
menaçants pour les dieux et l'équilibre du monde. Zeus, conformément aux
craintes de Gaïa, n'a pas éradiqué le chaos, il l'a juste remis à sa juste place.
Reste pour Zeus à créer les hommes, mais ceci est une autre histoire, qui fera
intervenir les figures de Prométhée, Épiméthée, Pandore, Lycaon, Deucalion et
Pyrrha.
A SUIVRE...